Qui n’a pas entendu raconter dans son enfance l’histoire du « Vilain petit canard » ?

Ce conte d’Andersen est, selon moi, un pilier de la confiance et de l’estime de soi. Il évoque des thématiques propres à la transmission, à la construction de l’image de soi et par conséquence à la prise de conscience de sa singularité et de ses atouts dans sa vie d’adulte.

Si je devais le résumer en une phrase : « Saches observer ta différence, ton unicité, ta beauté intérieure et fais en ta force pour nourrir tes ressources en toute conscience ».

Il est important de distinguer les deux notions de confiance et d’estime de soi car, même si elles sont proches, elles ne recouvrent, en réalité, pas les mêmes dimensions.

La confiance en soi est le fait de se sentir en sécurité intérieure, de reconnaitre ses capacités pour réagir face à une situation extérieure en sachant mobiliser les bons outils et les bonnes solutions au bon moment.

L’estime de soi, relève de la conscience de sa valeur personnelle. Elle est donc en lien étroit avec l’image projetée de son être, la perception de ses forces et de ses limites.

Pour illustrer cette distinction voici un exemple concret :

  • « J’ai confiance en moi pour parler en public » qui se traduit par « j’ai la capacité à parler en public »
  • « Je me sens intelligent et digne d’intérêt » qui veut dire « j’ai une image de moi-même positive pour pouvoir le faire »

A / L’estime et la confiance en soi, des dimensions nourries dès la petite enfance

Personne ne choisit le contexte de sa naissance et l’environnement dans lequel il, ou elle, va grandir. Pourtant l’incidence de ces facteurs est très importante à considérer car elle est déterminante.

Après 9 mois passés dans le ventre de sa mère, l’enfant arrive et ressent très vite le regard et l’affection que son environnement va lui apporter. Puis, au cours de ses premières années, il prend conscience des outils qui vont être mis à sa disposition.

Dans le conte du « Vilain petit canard », on voit à quel point les premiers repères sont fondamentaux pour construire l’image de soi à travers les messages reçus.

Si la mère cane accepte à contre cœur ce gros œuf qu’elle couve, il lui parait déjà bien différent des autres et elle l’exprime très rapidement. Même si elle le soutient tout d’abord, face aux pressions et quolibets de la basse-cour, elle cède et finit par dire à son jeune « caneton » : « Je voudrais que tu sois bien loin ». Premier rejet fort et message lourd de sens pour lui.

Il est poussé à la fuite et à l’isolement face à la cruauté qu’il va ensuite devoir endurer. La violence verbale et physique de la part des autres canards, des poules et même d’une enfant de la ferme qui rejettent sa différence seront trop puissants face à une mère qui n’exerce pas son rôle de pilier protecteur. Le « caneton » rejeté développe alors une image et une estime de lui totalement dégradées « Je suis si laid que même le chien ne veut pas me mordre ».

Pris dans la tourmente, en plein hiver, il sera repoussé des autres. Ce départ forcé le conduira à rencontrer des cygnes. Il aura une prise de conscience positive : « Peu importe qu’on soit né dans la cour des canards, si l’on est sorti d’un œuf de cygne ».

Confronté à son image réelle et non plus perçue au travers du regard des autres, il est la réalité du beau. Il est décrit comme le plus joli, admiré par les enfants et accueilli avec tendresse par les autres cygnes.

 

B/ Une image « construite » qui fort heureusement peut évoluer dans le temps

Que retenir de ce joli conte ?

Que l’image de soi

  • Est une construction de soi issue des messages extérieurs reçus, tant par son cercle familial qu’environnemental
  • Nécessite une prise de conscience de sa réalité intérieure par rapport aux jugements extérieurs : elle doit faire la part entre le ressenti et les faits
  • Doit se nourrir de ses propres ressources et non des jugements extérieurs et violents

Dans l’histoire le « caneton » est certes différent des autres, mais pour autant pas plus laid qu’eux. Il est juste lui, avec son propre bagage  : sa taille, sa corpulence, ses atouts de futur cygne. Pourtant il va souffrir longtemps de l’image que les autres lui renvoient par des jugements hâtifs et finalement emplis de méconnaissance.

Tout être humain qui naît est tel ce jeune cygne, avec son patrimoine génétique, son physique, son tempérament. Il est riche de son unicité mais l’image qu’il aura de lui-même sera construite par les messages envoyés tôt par les parents, voire par l’entourage.

Un parent qui aura su

  • dire à son enfant « Vas y, tu es capable de le faire »
  • démontrer à son enfant qu’il l’aime de façon inconditionnelle, tel qu’il est
  • transmettre des messages positifs et rassurants

aura un enfant rempli de confiance et d’estime de lui pour sa vie d’adulte.

Parfois l’environnement (tel la basse-cour dans le conte) n’aura pas été favorable et aura pu créer de réels traumatismes dans la construction de l’estime. Il est alors important de savoir les identifier, les reconnaitre, de comprendre d’où viennent les blessures de cette époque pour que l’enfant puisse mieux vivre sa vie d’adulte et sortir d’un cycle de mésestime.

L’être humain, s’il est riche de sa capacité à conscientiser, peut également s’enfermer dans un cercle vicieux de mauvaise image. Il va tendre alors à se prouver à lui-même, par des actes manqués, qu’il est à l’image de ce qu’on a dit ou écrit de lui : peu courageux, peu aimable, peu volontaire, timide voire renfermé…

Le dialogue est essentiel pour mettre en réalité les événements, ne pas les nier, les reconnaitre pour mieux casser ce cercle de mésestime et de manque de confiance.

La conscience et le STOP à ces perceptions doivent être posés pour réussir à avancer et évoluer. Et si cela n’a pas été fait par soi même, l’aide d’un coach pour faire le point sur son image personnelle, voire l’intervention d’une aide psychologique peut aider à franchir cela.

Toujours est-il que les choses ne sont pas figées dans le temps. La vie n’est que mouvement, comme ce jeune cygne qui au bout de son chemin rencontrera les bons compagnons, le bon environnement.

Plutôt que de souffrir d’un environnement négatif, il ne faut pas hésiter à en s’en extraire pour réussir à travailler sur son estime et sa confiance en soi ! Un milieu bienveillant est essentiel pour être plus aligné et plus réaliste avec soi-même.

 

C/ La confiance et l’estime, un travail du quotidien

Tout être humain est mû et nourri par sa sensibilité, même si elle peut être cachée et protégée au fil du temps.

Parfois une carapace, telle une armure, s’est créée pour supporter les messages reçus. Pour avancer il faut savoir reconnecter avec l’enfant au fond de soi. L’hypnose est un outil efficace pour réussir à le faire et aider à la reconstruction de son image personnelle, quand le simple échange avec les autres (famille, amis, coach, psychologue…) ne suffit plus.

La confiance et l’estime de soi peuvent fort heureusement se travailler, et les situations ne sont pas immuables.

Il faut juste avoir le courage d’accepter de faire le point, de comprendre la situation passée pour mieux avancer et changer la perception de soi-même.

Ceci nécessite un travail pour observer et comprendre son passé, son histoire, sa construction personnelle et ses possibles traumatismes. L’idée n’est pas de se victimiser en se lamentant sur ce qui s’est passé : le passé reste le passé et aucune gomme magique ne peut l’effacer. En revanche le principe est de comprendre les mécanismes qui se sont mis en route, les schémas protecteurs ou au contraire les boucles bloquantes de sa vie, suite à son contexte de vie.

Si mes parents

  • ont été peu encourageants, peu présents, peu attentifs à l’enfant que j’étais, je serai sans doute en manque de confiance personnelle, doutant de mes capacités, tel un petit oiseau fragile sur une branche.
  • m’ont toujours dit de faire attention à ne pas trop manger, à faire attention à ma ligne, au fait que je suis costaud(e), rond(e), j’aurai sûrement une image grossie de moi-même.
  • m’ont mis la pression face à mes résultats scolaires, me disant que je n’étais pas très doué en maths, en français ou autre, m’ont mis en comparaison avec les frères et sœurs, fort est à parier qu’adulte la trace sera restée…

Vous avez compris l’idée !

Mais finalement quel que soit les messages reçus, et les vérités cruelles prises comme siennes, l’adulte a en lui-même des ressources qu’il peut identifier et nourrir !

La vie l’a porté jusque là et finalement le chemin déjà parcouru est riche de signes, de balises, de réactions à analyser pour reconnaitre ses réussites, ses ressources, ses propres talents et son mode de fonctionnement profond.

L’établissement de sa carte personnelle, telle une carte d’identité, est un outil puissant pour dresser un repère et s’y référer quand les démons intérieurs peuvent revenir. Car la confiance et l’estime sont un travail du quotidien. Parfois les doutes, les peurs peuvent se manifester dans un contexte particulier : face à un autre adulte qui rappellera de mauvais souvenirs notamment, une situation qui fera tilt à l’enfant enfoui…

Pour les dépasser et se sentir solide, l’aulte devra s’appuyer sur ses propres socles identifiés, ses piliers notés noir sur blanc, véritable repère de ses propres atouts !

Peu importe ce que disent les autres, lui sait qui il est, il sera en capacité de poser les limites et de ne plus souffrir du regard des autres, en toute sérénité !