L’émancipation des femmes n’est pas si lointaine dans l’histoire de France. Elle remonte au XXème siècle, propulsant les femmes au foyer dans la vie active avec les changements de comportements associés.

Pour mieux comprendre les problématiques de charge mentale dans la société actuelle il est intéressant de remonter quelques années en arrière et de faire un point sur quelques dates clés.

En 1804, Napoléon édicte le code civil dans lequel il décrit la femme comme mineure dans le couple. Son rôle est ainsi limité à la gestion du foyer et des enfants. Au nom de la famille et de la stabilité il pose un carcan pour les femmes de l’époque, les soumettant totalement à l’autorité maritale.

Il faudra attendre 1907 pour qu’une femme puisse exercer une profession séparée de celle de son mari et 1966 pour qu’elle n’ait pas besoin de son autorisation pour travaille. Un peu plus de 55 ans nous sépare de cette libération de la femme dans la société française.

Ce ne sera qu’en 1981 qu’un Ministère pour le droit des femmes verra le jour, après de nombreuses luttes de femmes célèbres, inspirantes et courageuses, qui ont osé à leur époque combattre avec leurs armes pour démontrer le besoin de plus d’équité entre les femmes et les hommes : Marie Curie, George Sand, Joséphine Baker, Coco Chanel, Simone de Beauvoir, Simone Veil et j’en passe !

A / Le constat d’un déséquilibre persistant dans la gestion du quotidien

L’évolution de la place de la femme dans la société moderne est finalement récente. Elle a été rapide mais de nombreux stéréotypes ont la vie dure.

Malgré l’émancipation notable et bénéfique des femmes dans le monde moderne, des inégalités et des discriminations persistent malheureusement, aussi bien dans la sphère personnelle que professionnelle.

Selon un article paru en 2021 dans le journal du CNRS (sur la base des travaux de recherche de Sarah Flèche et Laura Sénécal) les discriminations sont notables en termes de temps passé pour la gestion des tâches domestiques, de salaire gagné, d’organisation du mode de travail, de choix des métiers occupés. La plupart du temps les femmes se l’imposent par rapport à la structure du foyer.

Les croyances inconscientes  liées aux normes sociales sont fortes dès qu’il s’agit pour une femme

  • de passer plus de temps au travail,
  • de prendre du plaisir à assumer sa vie professionnelle,
  • de gagner plus d’argent que son mari …

L’étude des économistes montre même que les femmes, souvent plus diplômées que les hommes, font le choix de carrière qui in fine les désavantagent !

Les dernières données de l’INSEE disponibles confortent cet « état d’esprit » puisque qu’en 2010 les femmes assuraient 64% des tâches domestiques et 71% des tâches parentales. En moyenne cela représente 4 heures de tâches domestiques pour les femmes contre 2 pour les hommes.

Le résultat dans la société : des femmes qui souffrent plus de charges cognitive et mentale importantes face à toutes les tâches qu’elle doivent gérer, organiser, planifier de façon constante dans leur vie quotidienne.

Il suffit que la pression et le stress augmentent dans une des deux sphères, personnelle ou professionnelle, et le burn-out de la femme moderne n’est pas loin ! Sans parler d’un manque de bien-être, nourri par une insatisfaction possible, ressentie dans sa vie personnelle, familiale ou professionnelle.

Si ce constat peut faire grimacer, il n’est pas pour autant une fatalité ! Tout individu, femme ou homme est acteur de son quotidien et les choses peuvent heureusement évoluer ! Il suffit d’en prendre conscience et de mettre en place quelques nouvelles règles de vie !

B/ Sortir de la charge mentale en osant demander !

La plupart du temps, les femmes modernes (et j’en ai fait partie), n’osent pas exprimer leur état et demander de l’aide extérieure.

Elles s’imposent trop de pression pour être « parfaites », nourries de trop nombreuses croyances, souvent inconscientes, à identifier :

  • «  Je dois être une bonne travailleuse» argumentée de « on a le droit de travailler alors il faut faire ses preuves », « je dois réussir, j’ai fait des études pour cela », « être reconnue dans le monde du travail est important pour moi »…
  • « Je dois être une bonne conjointe» nourrie de « je dois satisfaire les envies et les besoins de mon mari », « je dois assumer au mieux la charge du foyer pour que mon couple dure dans le temps », « je dois faire preuve d’affection, de compréhension, de tendresse à l’égard de mon conjoint en permanence »…
  • « Je dois être une bonne mère» empreinte de « je suis naturellement en charge de la bonne gestion de la vie familiale », « je dois combiner ma vie familiale et professionnelle au mieux », « je dois tout assurer pour que cela se passe le mieux possible », « mon conjoint ne sait pas faire, c’est un homme après tout » !

Si quelques-unes de ces phrases vous ont touché, bienvenue dans le monde de la surcharge mentale ! Car au fond, toutes ces petites phrases ne sont que des croyances, des vérités faites siennes, à partir de normes éducatives et sociales.

Une fois conscientisées, elles peuvent totalement être levées pour vivre plus sereinement son quotidien ! Et la 1ère règle fondamentale est alors de savoir demander de l’aide.

Au travers du couple, de la vie de famille, de la vie professionnelle, il existe des solutions externes pour aider à se décharger de sa charge mentale. En voici quelques-unes non exhaustives qui peuvent vous faire réfléchir à ce dont vous avez besoin pour aller mieux.

  • Faites un état des lieux pour évoluer. Si vous vous sentez débordée au quotidien et que vous avez l’impression de ne plus réussir à gérer, il est essentiel de faire le point sur votre vécu. Il faut être « lucide » dans ces cas-là. Une liste peut être un premier pas pour faire le point sur sa charge, mais un coach de vie peut vous aider à « apprendre à lâcher prise » réellement.
  • Ne restez pas dans le silence au sein de votre couple ou de votre famille. Si vous ne l’exprimez pas, personne ne fera attention à ce que vous vivez, et vous pouvez faire une croix sur les changements possibles. Le dialogue est salvateur. J’aime à mettre en place des conseils de famille, tellement révélateurs et bénéfiques pour les couples.
  • Faites appel aux bonnes volontés de chacun …ou ne faites plus. Grâce au dialogue et à la prise de conscience de votre charge, demandez de l’aide à votre conjoint et même à vos enfants, comme un jeu, s’ils sont en âge de le faire ! La solution extrême pour faire réagir tout le monde, si cette technique ne marche pas, ne faites plus les tâches habituelles ou certaines des tâches courantes, croyez-moi cela marche et fais réagir très vite les membres du foyer.
  • Faites appel à des aides extérieures le cas échéant. Trop de gestion ménagère à assurer ? Renseignez-vous sur les aides possibles. Aujourd’hui le service à la personne offre des aides financières et peut se révéler intéressant pour le porte-monnaie familial et pour votre santé. Au sein de votre environnement professionnel, essayez d’apprendre, quand cela est possible, de déléguer pour ne plus être surchargé(e).

 

C/ Sachez reconnaitre les signes d’alerte

Vous l’aurez compris, pour faire face à la charge mentale, il faut savoir faire un diagnostic pour en prendre conscience et ensuite savoir demander de l’aide !

Plusieurs signes sont clés à reconnaitre chez soi pour se dire que la surcharge mentale n’est pas loin. Je vous invite à y porter toute votre attention :

  • Ressentez-vous une pression interne, un stress, une angoisse dans une des sphères de votre vie ?
  • Avez-vous du mal à cesser de ruminer des pensées professionnelles ou personnelles : ont-elles des effets sur ce que vous faites quand vous êtes chez vous ou au travail ?
  • Avez-vous le ressenti de ne plus faire face, de ne pas vous en sortir ?
  • Avez-vous des difficultés à dormir car trop de pensées vous assaillent ?
  • Ressentez-vous des signes physiques de fatigue : mal de dos, mal de tête, mal de cou….ces zones sont souvent le reflet des non-dits et des « trop plein » mal gérés.

L’un de ces signes est une alerte pour vous avertir que vous êtes en surcharge, surmenage. Osez en parler à quelqu’un de bienveillant et demandez de l’aide par la suite pour vous en sortir.